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COTTAVOZ André

1922 - 2012

Né en 1922 à Saint-Marcellin, dans l’Isère au pied du Vercors, André Cottavoz est un peintre et lithographe français ayant appartenu au groupe des sanzistes et à l’École de Paris. Sa peinture, figurative, est puissante et presque charnelle. Il s’en dégage une luminosité flamboyante accentuée par l’épaisseur de la matière qu’il sculpte littéralement au couteau


Sa mère, modiste et passionnée d’aquarelle, part avec sa famille se fixer à Romans où le couple va travailler dans l’industrie de la chapellerie. Vers l’âge de quatorze ans, le jeune André Cottavoz est attiré par la peinture et s’essaye à la copie d’un paysage tiré de « l’Illustration ». Puis, c’est la révélation face à la reproduction d’une peinture de Van Gogh qu’il découvre dans la vitrine d’un magasin de Romans. De retour au domicile familial, il emprunte un couteau et se met à peindre, ou plutôt à sculpter la matière; pratique qui ne le quittera plus.

Doué d’un sens artistique certain, il reçoit le soutien de sa mère qui fait le sacrifice de l’envoyer aux Beaux Arts de Lyon à tout juste 17 ans. En 1942 lors de sa première année d’étude, la France plonge dans le chaos de la guerre et Lyon se retrouve en « zone libre ». Le jeune rapin est réquisitionné et intégré dans le service du travail obligatoire (STO), en Autriche à Kapfenberg dans la province de Styrie. Là-bas, dans une région montagneuse et glaciale en hiver, il continue à peindre et à dessiner.

Parmi ses compagnons de misère, il rencontre et se lie d’amitié avec le jeune artiste humoriste Philibert Charrin qu’il initie à la peinture. Ce dernier le reconnaît d’emblée comme un maître et lui voue une grande admiration. Réalisées avec les moyens du bord, dans la cantine du camp, le jeune homme peint tentant d’immortaliser quelques scènes de la vie quotidienne. Ils organisent ensemble des expositions de leurs œuvres. Celles-ci, malheureusement, seront détruites ou perdues.

A la libération du camp par les Russes, les prisonniers s’enfuirent et errèrent jusqu’à leur jonction avec les soldats américains. Il faudra plusieurs mois à Cottavoz pour rejoindre sa famille.

A son retour, il accumule études, dessins et peintures. Il monte à Paris pour suivre les cours de l’Ecole d’Art de la ville en vue d’obtenir un diplôme de professeur de dessin. Son tempérament passionné, sa manière de concevoir l’art pictural au plus près de l’émotion s’accommode mal des exigences académiques de l’école et il échoue à obtenir un diplôme qui aurait pu lui assurer un revenu régulier. Parallèlement il suit les cours de la Grande Chaumière où il lui est reproché de « faire du Cottavoz ». En 1946, il brosse un tableau : « Jeunes filles russes chantant en chœur en Autriche » réalisé de mémoire en souvenir de l’un des tableaux peint dans le camp et détruit par les Allemands.


Remotivé par sa mère, c’est sous son impulsion qu’il retourne s’installer à Lyon afin de réintégrer l’école des Beaux-arts. Il rencontre Jean Fusaro et Jacques Truphémus dans la classe de peinture d’Antoine Chartre. Rejoints par Philibert Charrin, ils restent un an à étudier ensemble et forment un groupe d’amitié avec des aspirations communes. Avec Philibert Charrin, Cottavoz décide en 1948 de rassembler un groupe d’artistes pour exposer au lycée Ampère, les « sansistes » (terme par lequel ils manifestent leur refus de porter une étiquette : impressionnisme, fauvisme, cubisme, futurisme etc…).

A partir des années 50 il effectue ses premiers séjours à Vallauris où il loue un atelier au 13 de la rue Sicard. Il réalise des petits travaux alimentaires chez le céramiste Gilbert Valentin chez qui il rencontre Picasso et Françoise Gilot. La réussite arrive enfin en 1953 avec le prix Féneon qui lance véritablement la carrière de l’artiste. Il expose régulièrement à Paris, au Salons : d’Automne, des Tuileries, des jeunes peintres…


A partir de 1962, il s’installe définitivement à Vallauris où il se lie d’amitié avec le céramiste Roger Collet. Leur estime réciproque favorise une association ponctuelle ou la pureté des formes des pièces de Collet valorise le trait spontané du graphisme de Cottavoz qui met en scène la plage, le soleil, les nus, les danses plus ou moins érotiques décorant certaines des œuvres de Collet, fruits de leur collaboration.


Le travail acharné, les pique-niques sur le pointu, le karaté, un nouveau cercle d’amis et d’admirateurs structurent sa nouvelle vie sur la Côte d’Azur entrecoupée de voyages et de séjours parisiens pendant lesquels il fréquente l’atelier de lithographies Mourlot. Il y réalise de nombreuses lithographies en noir et en couleur, notamment la série illustrant Le dialogue de l’arbre de Paul Valéry édité par Robert Turbot, un architecte cannois « fou » de la peinture de Cottavoz dont l’admiration, les fréquentes visites à l’atelier ne furent pas sans le conforter dans son art lors de son installation à Vallauris.


En 1990 Cottavoz rencontre Hélène, sa troisième épouse qui jusqu’à la disparition du peintre le 8 juillet 2012 partage sa vie dans sa maison de Vallauris à flanc de colline. Elle l’accompagne au Japon, à Bali, au Maroc, à Hong Kong etc . autant de sites qui renouvellent non seulement son inspiration mais où l’on assiste à une sorte de libération de la tension, une apothéose picturale synthétisant la justesse du regard allié à l’émotion et à la puissance du geste.

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